Questions religieuses sous un jour nouveau
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Préface
À l’époque où, dans les provinces allemandes, on s’efforçait d’acquérir de nouvelles connaissances spirituelles, Martin Luther fit à nouveau prendre conscience de l’Évangile du Christ à ses contemporains en leur disant que l’être humain pouvait trouver par lui-même, sans l’aide de l’Église, le chemin du royaume de Dieu. Il insista sur le fait qu’il ne devait plus y avoir d’intermédiaire humain entre Dieu et ceux qui le cherchent.
C’est ainsi qu’il montra à ses contemporains le chemin de la liberté spirituelle, un chemin qu’ils avaient perdu et qui aurait pu conduire à un essor spirituel insoupçonné capable d’orienter le destin du peuple allemand dans la bonne direction.
Cependant, nombreux furent ceux qui ne suivirent pas la voie indiquée, et les querelles, les luttes, les scissions, les dissensions, et jusqu’aux guerres de religion, furent les tristes conséquences de cet appel au réveil spirituel. En entravant leur esprit par une façon de penser trop rigide, les chrétiens oublièrent bien vite leur liberté de conscience.
Cette liberté si péniblement acquise fut à nouveau emprisonnée dans des formulations prises à la lettre et des dogmes rigides si bien que, deux cents ans plus tard, Lessing écrivait avec tristesse: «Luther, grand homme méconnu, tu nous as délivrés du joug de la tradition, mais qui nous délivrera de l’intolérable joug de la lettre! Qui nous apportera enfin un christianisme tel que le Christ lui-même nous l’enseignerait!» (Une parabole, 1778)
Aujourd’hui, le rétrécissement de l’esprit et son enchaînement à la matière sont si grands qu’il n’est plus possible d’en être libéré sans l’aide de Dieu. La décadence de l’humanité est tellement avancée que nous sommes dans la même situation qu’avant le déluge et que, cette fois encore, nous pourrions prononcer ces paroles si lourdes de sens: «l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la Terre, et il fut affligé en son cœur.» (Genèse 6,6)
La question de l’existence de Dieu est devenue une question intellectuelle, car l’intellect prédomine à présent. En effet, l’intellect, qui aurait dû être un simple instrument pour ce qui est éphémère, fut délibérément élevé sur le trône de l’esprit par les êtres humains. Il équivaut à l’horrible bête de l’Apocalypse (13,1) que Jean vit sortir de la mer de la matière.
Si l’on veut parler aujourd’hui d’une nouvelle Réforme, il convient tout d’abord de parler d’un renouveau de l’esprit – le moi profond de l’être humain – qui est éternel. Il faut qu’il soit libéré des entraves du passé pour que l’intuition et la conscience redeviennent elles aussi libres de la domination de l’intellect.
Cette fois, il ne s’agit plus d’instaurer de nouveaux articles de foi, qui seraient inévitablement utilisés pour de nouvelles scissions et de nouvelles luttes. Maintenant, à l’heure où se produisent de profonds bouleversements dans tous les domaines, il s’agit, comme jamais encore dans l’histoire de l’humanité, de l’existence ou de la non-existence de l’humanité entière. Aujourd’hui, la lutte est marquée par la nostalgie de la Vérité, de toute la Vérité concernant l’existence humaine dans cette Création avec, pour but ultime, la vraie connaissance de Dieu. Voilà pourquoi cette lutte est au-dessus des confessions.
Or, c’est uniquement en faisant preuve d’humilité que, dans cette lutte acharnée, l’esprit humain pourra trouver un Dieu clément.
Vomperberg, septembre 1995
Dieu n’est pas muet
Lorsque l’être humain de la Terre meurt, son âme quitte son corps terrestre pour passer dans l’au-delà.
Le corps terrestre périt et, avec lui, l’un des organes les plus importants, celui qui sert d’outil indispensable à l’esprit humain ici sur Terre: le cerveau.
Les pensées, qui forment l’intellect, prennent naissance dans la partie de l’encéphale appelée «cerveau antérieur» ou «grand cerveau». L’intellect disparaît lui aussi au moment de la mort. Il est éphémère, puisque l’endroit où il prend naissance – le cerveau – est périssable. Que ce soit sur le plan terrestre ou non, rien dans cette Création ne peut franchir les limites de son propre genre, ni dans son être, ni dans son activité. Par exemple, un être humain ne peut se transformer en animal, pas plus qu’un animal ne peut penser ou agir comme un être humain, étant donné que ces deux genres de la Création sont fondamentalement différents. Une conclusion extrêmement importante découle de ces constatations, à savoir que l’intellect ne peut saisir que ce qui est, comme lui, éphémère et périssable. Il ne peut rien comprendre au-delà de cette limite; ce qui est éternel lui échappe donc, tout simplement parce que le genre correspondant lui fait défaut. En conséquence, il ne peut agir au-delà de la matière dont son cerveau est constitué.
Cependant, nous avons en nous quelque chose d’autre qui nous permet de reconnaître ce qui est impérissable et éternel, et même Dieu: c’est l’esprit, qui est le propre de l’être humain et que nous conservons après la mort terrestre. L’esprit s’exprime par l’intuition que l’on nomme également la voix intérieure.
L’intuition est une partie de notre conscience. Elle sait exactement ce qui est bien et ce qui est mal. Nous ne pouvons pas ne pas entendre sa voix qui nous met en garde ou nous donne son assentiment, à condition évidemment que nous acceptions de l’écouter.
Wilhelm von Humboldt (1767-1835) écrivit à ce sujet: «Chacun doit être un juge pour lui-même, et il l’est en vérité car, là où une chose mérite la réprobation, la voix intérieure le dit plus haut et de façon plus blessante que ne pourrait jamais le faire une critique étrangère.»
Un être humain qui étouffe son intuition pour ne se fier qu’à son intellect n’a par conséquent plus de conscience, si bien qu’il pense et agit sans le moindre scrupule.
D’après l’ordre établi dans la Création, l’esprit dirige, et l’intellect n’est que l’exécutant. La coopération naturelle entre l’esprit et l’intellect – chacun occupant la place qui lui revient – est ce que nous nommons la raison. Mais, au cours de son évolution, l’homme a délibérément faussé ce rapport naturel; il est devenu «déraisonnable». C’est cela qui constitue le péché héréditaire (ou péché originel) qui consiste à accorder trop d’importance à l’intellect et à opprimer l’esprit.
Avec le temps, la faillite de l’humanité en résulta. L’esprit opprimé et l’intellect cultivé unilatéralement, alors que ce dernier est lié à ce qui est périssable, constituent en effet pour l’humanité le véritable problème autour duquel tout gravite. Tous les autres problèmes ne sont que les conséquences de ce problème central. C’est également là que se trouve l’unique point faible par lequel Lucifer, l’antéchrist, réussit à faire en sorte que les hommes le servent.
Sur le plan de l’éphémère, donc sur celui de la matière, Lucifer est capable d’enrôler dans son action hostile à Dieu les êtres humains qui se lient à la matière par l’activité exagérée de leur intellect.
Le cerveau hyperdéveloppé continue à se transmettre par hérédité ainsi que la prédisposition (et non l’obligation) à opprimer l’esprit vivant de l’homme et à faire passer le vouloir de l’intellect avant celui de l’esprit. C’est ce qui faisait déjà dire à l’apôtre Paul: «Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur (l’esprit); mais je vois dans mes membres (l’intellect) une autre loi qui me rend captif de la loi du péché.» (Rm 7, 22-23)
Le fait que les hommes s’éloignent de Dieu provient également de cette disparité entre l’esprit et l’intellect. Il n’est dès lors pas surprenant que l’on dise ou que l’on écrive que, de nos jours, le problème fondamental de la religion n’est plus la question de Luther: «Que dois-je faire pour que Dieu me vienne en aide?» mais «Dieu existe-t-Il vraiment?»
Et les hommes demandent encore: «S’il existe un Dieu, comment toutes les horreurs et toutes les cruautés que nous voyons, entendons ou vivons journellement peuvent-elles se produire?» Ceux qui s’interrogent ainsi doutent de la Justice de Dieu. Ils devraient plutôt réfléchir sérieusement afin de reconnaître que les véritables responsables de cet effroyable état de choses sont les hommes eux-mêmes. S’étant séparés de Dieu, ils n’ont pas tenu compte de ses lois, entre autres de la simple loi de la rétroaction dont ne sont pas exclues les pensées et les actions humaines. L’homme récolte invariablement ce qu’il a semé par ses intuitions, ses pensées et ses actes lors de ses vies terrestres passées et au cours de sa vie présente.
Certes, on dit en mainte occasion: «Que Ta Volonté soit faite!», mais qui, au lieu de se contenter d’une foi aveugle et apprise et de subir les événements, cherche à comprendre comment et où s’exprime la volonté de Dieu pour l’accueillir intérieurement en une conviction authentique?
L’homme ne peut reconnaître la volonté de Dieu que dans la Création dont les lois sont inflexibles. La science elle-même admet la réalité de ces lois et leur immuabilité, même si elle nie leur origine, si elle ne veut pas en entendre parler ou si elle l’exclut de ses réflexions. Personne ne peut nier que c’est à nous-mêmes que nous faisons du tort en agissant contre les lois naturelles. Mais ces lois font partie du langage de Dieu. Les observer ne signifie rien d’autre qu’accomplir la volonté de Dieu et comprendre son Langage.
Non, Dieu n’est pas muet. Ce sont les hommes – et ils sont nombreux – qui disent que Dieu est muet, que Dieu se fait attendre, que l’humanité vit actuellement une période d’éloignement de Dieu. On écrit des livres, on fait des films à ce sujet et on élabore de grandes théories philosophiques sur ce thème.
Quel est donc le but de toutes ces déclarations? Résulteraient-elles de l’inquiétude ou de la peur qu’il puisse, après tout, en être autrement? Ou bien est-ce le désir de faire taire notre conscience? Or, c’est justement leur conscience qui ne laisse aucun repos à tant de gens! Il existe effectivement une véritable détresse des consciences qui provient, d’une part, de la préférence que l’homme a donnée à son enchaînement à la matière – à laquelle est également lié le cerveau en tant que siège de l’intellect – et, d’autre part, de sa voix intérieure qui n’a pas encore été totalement étouffée. Cette voix intérieure lui fait pressentir que l’éloignement de Dieu doit être dû à tout autre chose et que c’est lui qui s’est éloigné de Dieu en érigeant délibérément une barrière entre lui et son Créateur. C’est lui qui se ferme à la force spirituelle qui parcourt la Création en permanence depuis le commencement du monde, et sans laquelle aucun être humain ne pourrait vivre.
Mais il est encore d’autres forces qui constituent une partie de notre conscience: ce sont les aides de l’au-delà qui, tout bas, nous conseillent, nous exhortent et nous avertissent. Si nous écoutions leur voix, elle deviendrait pour nous de plus en plus forte, jusqu’à ce que nous ayons la certitude que c’est en réalité l’homme qui se ferme à l’appel continuel de Dieu. C’est par sa Création que Dieu parle constamment à l’humanité. La Création entière, visible et invisible, est son langage.
Ce sont justement ceux qui ne croient ni aux paroles de la Bible ni en Dieu qui disent: «Nous ne croyons qu’en ce que nous voyons, nous nous en tenons aux faits parce que nous les comprenons.» Or, ils ne remarquent même plus qu’ils ont journellement et à toute heure ces faits devant les yeux.
La Création entière et, avec elle, la Terre et la nature, sont des faits qui parlent de Dieu. «...Ce qu’il y a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu’ils sont inexcusables...», écrivait Paul aux Romains (1,20).
C’est dans la Création que se manifestent l’existence de Dieu et sa Perfection, questions sur lesquelles se penche aujourd’hui la théologie.
Cette recherche de Dieu est à présent ensevelie parce que l’être humain se lie de plus en plus à la Terre. Élevé au rang de souverain, l’intellect obstrue le chemin qui offre la possibilité de reconnaître Dieu. C’est d’ailleurs lui qui affirme que Dieu est mort. Cependant, ce n’est pas Dieu qui est mort, mais bien l’esprit humain qui, s’étant laissé emmurer par son penchant pour ce qui est périssable, est devenu comme mort. Dans son obscurité, il ne peut donc faire autrement que de tenir Dieu pour mort.
«Dieu est mort» disent déjà de nombreux chrétiens dans le monde entier. Même certains théologiens chrétiens l’affirment parce que l’existence d’un Dieu ne peut être prouvée. On ne saurait donc plus guère s’étonner d’entendre parler aujourd’hui d’un «athéisme chrétien», aussi contradictoire que cela paraisse. La créature «homme» va même jusqu’à exiger de façon grotesque que son Créateur lui donne des preuves de son existence. Toutes ces conceptions aberrantes ne sont que des conclusions trompeuses pour l’homme à qui les arbres cachent la forêt. Il se trouve au sein de la merveilleuse Création de Dieu, il est lui-même une partie de cette Création, et il ne la reconnaît pas comme telle! Sa vue, brouillée par son attachement à la matière à laquelle il s’est accroché, ne lui permet plus de voir clairement ce qui est grand et essentiel, bien que cela s’impose à lui dans l’œuvre du Créateur.
Mais grâce aux bouleversements qui secoueront les âmes, l’emprise de la matière – dont fait également partie l’intellect – se relâchera peu à peu, si bien que l’esprit humain sera à nouveau en mesure de comprendre le langage de son Dieu.
Car Dieu n’est pas muet! Il dépend uniquement de l’être humain de l’entendre et de le reconnaître.
ISBN | 978-2-900811-77-1 |
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Autor | Herbert Vollmann |
Dimensiones | 12 x 19 cm |
Formato | Format de poche |
Número de página | 168 |
Idioma | Français |
Tiempo de entrega | DE: 1-3 días laborables, otros países: 5-30 días laborables |